J’arrête l’accompagnement Odoo… tel qu’il était

J’arrête l’accompagnement Odoo… tel qu’il était


Ce dernier mois, j’ai pris du recul. Un vrai (enfin j’ai continué ce que j’ai commencé ici: https://nicolas.alusage.fr/blog/opensource-et-partage-1/prendre-du-recul-80).

J’ai regardé ce que je faisais de mes journées, de mes semaines, et surtout de ma vie. Et j’ai fini par me dire quelque chose de très simple : le travail n’est pas un but. Jamais. C’est un moyen. Parfois une obligation sociale, parfois un passage, parfois un outil. Mais sûrement pas l’endroit où placer toute son énergie vitale.

J’ai accompagné des dizaines de clients sur Odoo. J’ai fait de mon mieux. J’ai donné beaucoup — parfois trop. Et maintenant, je le dis calmement : j’arrête l’accompagnement Odoo tel qu’il était jusqu’ici. Je ne peux plus travailler dans une logique où l’outil devient le centre, où le flux remplace le sens, où la technique absorbe la vie.

Je veux revenir à mes projets, ceux qui comptent réellement : ma famille, Le 97, le Bousbots Bar, la documentation française des outils que j’utilise, l’envie de rendre les entreprises autonomes (et non dépendantes), l’open-source, l’atelier du 97, et la vie de quartier.

C’est mon axe. C’est ce vers quoi je vais.

Et plus je réfléchis, plus je me dis qu’on pourrait vivre autrement. Qu’on pourrait imaginer un monde où on se transmet les savoirs librement, où je t’installe ton système informatique et en échange tu m’aides pour l’électricité, où l’économie redevient relationnelle plutôt que marchande, où chacun contribue à la hauteur de ses capacités.

À partir de là, j’ai envie de poser quelques repères de ce que je souhaite construire et/ou préserver.

La propriété d’usage plutôt que la propriété personnelle

On nous a appris à posséder. Posséder des objets, des outils, des machines, des espaces.

Comme si « avoir » était la condition pour « être ».

La propriété d’usage raconte autre chose :

  • Ce n’est pas à qui ça appartient, mais à quoi ça sert, à qui ça sert, comment ça circule.
    Un outil n’a pas besoin d’être possédé individuellement pour être utile. Un lieu n’a pas besoin d’être privatisé pour être habité. Un logiciel n’a pas besoin d’être verrouillé pour être viable.

Dans un Tiers-Lieu comme Le 97, ça se voit tous les jours :

  • Ce qui compte, c’est l’usage partagé, l’entretien collectif, la circulation vivante des compétences. C’est beaucoup plus robuste que la propriété, et beaucoup plus juste que la logique de contrôle.

Créer de la valeur pour le bien commun — pas pour la capitalisation personnelle

On confond souvent valeur et profit.

Pourtant, créer de la valeur, c’est produire quelque chose qui renforce le vivant, le social, la capacité d’agir des autres.

La capitalisation personnelle, elle, cherche à capturer.

La capitalisation pour le bien commun cherche à redistribuer.

  • Si je documente mes outils, c’est pour ça.
  • Si je contribue à l’open-source, c’est pour ça.
  • Si j’aide une entreprise, c’est pour la rendre autonome — pas pour qu’elle revienne me voir chaque mois avec un ticket support.
Je veux que ce que je produis puisse servir à d’autres, longtemps, librement, même sans moi. 

Ça ne rapporte pas forcément de l’argent. Mais ça produit de la valeur réelle.

Faire ensemble, la coopération, et les patterns qui se multiplient

Ma définition du « faire ensemble », ce n’est pas juste être plusieurs dans une pièce. C’est une manière de penser. Une manière d’agir.

Une coopérative, un collectif, un Tiers-Lieu fonctionnent souvent comme un pattern de Turing :

  • des petites règles simples, répétées localement, qui finissent par former de grandes structures organisées.
  • Ce n’est pas de la magie. C’est la preuve que la coopération produit des formes vivantes, adaptables, résilientes.

Quand on fabrique quelque chose ensemble — un projet, une cuisine, un jardin, un texte, une infrastructure — on crée plus que l’objet. On crée du lien, une intelligence distribuée, une responsabilité partagée.

C’est là que je veux continuer à travailler : dans le collectif, pas dans l’isolement technique.

Le fédératif plutôt que la centralisation

La centralisation a toujours la même promesse : « On gère tout pour vous. Faites confiance. »

Je sais comment ça finit : perte d’autonomie, dépendances, rigidité, contrôle.

Le fédératif propose exactement l’inverse :

  • des unités autonomes, reliées entre elles, capables de coopérer sans se soumettre.

C’est valable pour les associations, les réseaux, les collectivités, mais aussi pour les outils numériques.C’est plus souple, plus vivant, moins fragile.

Je veux aller exclusivement vers ce modèle-là: des petits pôles qui se parlent, qui s’entraident, qui partagent, mais qui restent libres.

Et maintenant ?

  • Je continue d’aimer la technique, Odoo compris. Mais je refuse qu’elle prenne toute la place.
  • Je refuse de travailler contre ce que je défends ailleurs : l’autonomie, le commun, la sobriété, le partage.
  • Je choisis d’arrêter une forme d’accompagnement qui ne me ressemble plus.

Et je choisis d’ouvrir autre chose :

  • documenter, transmettre, fabriquer, soutenir, expérimenter, faire avec, créer du commun.

Si tu veux être dans cette dynamique-là, bienvenue.

Sinon, aucun souci : je ne suis pas en train de disparaître, je suis en train de me réaligner.

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